Les Salins d’Hyères forment la plus vaste zone humide entre la Camargue et l’embouchure de l’Arno en Italie. Une large gamme de salinité et de hauteur d’eau – obtenue grâce à une gestion hydraulique artificielle – permet l’accueil de nombreux oiseaux aussi bien lors des migrations qu’à l’hivernage ou en période de reproduction.

Le site des salins offre un panel d’habitats (étangs, bassins, dunes et pinèdes) favorisant la biodiversité. Plus de 36 habitats naturels dont 14 d’intérêt européen permettent la présence d’environ 300 espèces de plantes dont 38 avec un intérêt patrimonial : des orchidées, l’ail Petit Moly, la matthiole à trois cornes, le lys des sables.

La mosaïque des habitats recèle de nombreuses espèces végétales patrimoniales avec notamment la seule station continentale française de matthiole à trois cornes et de très beaux cordons de tamaris d’Afrique. L’entomofaune compte de nombreuses espèces d’intérêt patrimonial. Le site est aussi une zone de nourrissage pour les chiroptères et abrite une population importante de cistude d’Europe dans un secteur d’eau douce.

Les espèces cibles sont nombreuses, on peut en retenir 4 :

Goéland railleur (Chroicocephalus genei) : Espèce migratrice, le goéland railleur est inféodé aux milieux lagunaires du pourtour méditerranéen. Colonial, il niche sur des îlots sans végétation. En 2018, 450 couples et plus de 700 poussins ont été dénombrés sur les salins d’Hyères soit près d’un quart de la population française nicheuse.

Tamaris africain (Tamarix africana) : Espèce protégée, le tamaris se rencontre en bordure des canaux d’eau saumâtre. On trouve à Hyères une des plus remarquables populations de Tamarix africana du Var. Un problème est posé par les cultivars, car les esthétiques chatons roses caractéristiques de cette espèce ont incité les pépiniéristes à développer des formes ornementales.

Flamant rose (Phoenicopterus roseus) : Le flamant rose est présent toute l’année. Après s’être reproduit notamment en Camargue, il vient hiverner à Hyères où il est rejoint par des oiseaux italiens, espagnols ou algériens. La population hivernante est d’un millier d’oiseaux. Depuis quelques années on observe des nombreuses parades voire l’élaboration de nids, mais aucune reproduction n’a encore été observée malgré des effectifs pré-nuptiaux conséquents (1 200 individus).

Ruppia spiralée (Ruppia spiralis) : C’est une plante à fleurs aquatique caractéristique des eaux côtières saumâtres. Elle forme des herbiers qui jouent un rôle essentiel dans l’oxygénation du milieu aquatique, sert de refuge aux poissons juvéniles et nourrit les anatidés qui consomment ses graines. Une gestion active impliquant variation des niveaux d’eau, de la salinité, de la température, de la durée des assecs a conduit au développement d’herbiers de ruppia dans les salins.

La gestion adaptée du site vise, tout en développant la biodiversité, à assurer la protection contre les inondations. Ce risque est en effet réel dans ces zones caractérisées par un climat méditerranéen aux épisodes pluvieux parfois intenses. Le réchauffement climatique et les modifications du trait de côte que cela engendre sont aussi des enjeux pris en compte (programme LIFE ADAPTO).

Espace de nature, de contemplation, d’éducation à l’environnement, les salins d’Hyères ont aussi un rôle fort dans l’identité de la commune, avec une exploitation séculaire du sel en partie à l’origine de la cité, avant que le tourisme balnéaire ne prenne le relai.

La valorisation des sites auprès du grand public et des scolaires s’appuie à la fois sur cette exceptionnelle biodiversité et sur la mémoire d’un ancien site salinier à l’origine de la cité hyéroise et dont il est un fleuron du patrimoine culturel. Une boucle de découverte libre, des panneaux d’information, des observatoires ornithologiques et l’Espace Nature des salins d’Hyères (maison de site) permettent au public de découvrir une partie du site des vieux salins gratuitement tout au long de l’année.

Des visites guidées (payantes et gratuites) permettent aux visiteurs de découvrir les 2 sites en visite guidées ou lors de journées dédiées. L’Education à l’Environnement et au Développement Durable est bien pris en compte, un marché d’animation permet d’accueillir avec La LPO une centaine de classes chaque année. La Fête de la Nature en mai et la Fête des Salins d’Hyères en septembre accueillent gratuitement chaque année des centaines de visiteurs autour des patrimoines naturels et culturels. Des structures sous-traitantes et partenaires de la Métropole accueillent tous les publics autour de nombreuses thématiques culturelles (photo, danse, peinture, méditation) ou naturaliste (botanique, ornithologiques). Le site accueille aussi le Festival international de mode, de photographie et d’accessoires mais aussi des artistes en résidence.

La Métropole Toulon Provence Méditerranée et ses partenaires (Parc national de Port-Cros et Commune d’Hyères) travaillent au quotidien pour le développement de la biodiversité et la préservation de ce patrimoine. Parmi les actions, on retiendra la pérennisation du réseau hydraulique (pompes, digues, canaux) afin de faire circuler l’eau pour garantir la qualité des milieux. En parallèle, l’optimisation de la qualité écologique des sites (création d’îlots de nidification, élimination d’espèces invasives) se combine à la réalisation de suivis et d’études (suivi ornithologique, inventaire piscicole…)

METTRE EN VALEUR LES SITES AUPRÈS DU PUBLIC DANS LE RESPECT DES SENSIBILITÉS ÉCOLOGIQUES EN LIEN AVEC L’OPÉRATION GRAND SITE

Les sites ayant un fort potentiel touristique, il s’agit de définir une scénographie d’entrée de site afin d’assurer une meilleure compréhension des lieux et de ces espaces remarquables. Le prolongement de la levée de Saint-Nicolas permet de mieux valoriser l’Espace Nature des Vieux Salins et offre une boucle de’1.2km sur laquelle alterne informations scientifiques et propositions artistiques. Aux Pesquiers, la restauration des bâtiments du Tympan, la valorisation patrimoniale du sel (reprise d’activité salinière sur 30 hectares) et l’aménagement d’un chemin de découverte permettront de répondre à la forte demande locale.

ADAPTER LA GESTION DES SITES AU CHANGEMENT CLIMATIQUE ET AUX PHÉNOMÈNES NATURELS

Une gestion hydraulique des sites des Salins visant à réduire les risques d’inondation est primordiale au vu de la faible altitude des lieux. De plus, la hausse du niveau marin et la survenue d’événements météorologiques exceptionnels, couplés à une érosion littorale, induisent des risques d’intrusion d’eau marine. L’enjeu d’améliorer la résilience des salins appelle une requalification du trait de côte et la recherche d’un fonctionnement plus naturel de lagune côtière.

PRÉSERVER LES MILIEUX NATURELS ET LES PAYSAGES REMARQUABLES ET MENACÉS EN DÉVELOPPANT LA NATURALITÉ DANS LES MODES DE GESTION

La gestion des Salins d’Hyères tend à se caler, lorsque cela est possible, sur un fonctionnement naturel d’un écosystème lagunaire tout en veillant au maintien de la biodiversité. La préservation des zones humides et des espèces patrimoniales associées nécessite également le suivi et l’anticipation des risques de submersion marine et des changements de salinité.

ORGANISER UNE GESTION MUTUALISÉE DES SITES À L’ÉCHELLE DE LA MÉTROPOLE

La gestion des sites est organisée de manière à prendre en compte la globalité des espaces naturels du Conservatoire du littoral et de la métropole sur son territoire. Une complémentarité est recherchée dans la gestion des sites en termes de diversité d’accueil mais aussi de mutualisation des moyens.

Le plan de gestion identifie les orientations stratégiques définissant la vocation du site et les intentions de gestion. Ces orientations donnent le cap que les acteurs du territoire s’accordent à suivre. Elles n’évoluent pas ou peu avec le temps, contrairement aux objectifs opérationnels qui sont définis pour un pas de temps donné et peuvent être ajustés lors des exercices d’évaluation. Le site bénéficie d’un plan de gestion, renouvelé en 2018 il court sur une période de 10 ans.

Dernières mises à jour: février 2023